Mairie de Nernier

LE MUSÉE DU LAC
une aventure néronienne

BERNARD LACROIX - 1933-2015

Extrait d'un poème

Ce qui m’intéresse?
Tout sur quoi un front s’est penché
Tout sur quoi une main s’est posée un instant
Caressante, hésitante
Puis exigeante et sûre.

Bernard Lacroix

BERNARD LACROIX

Bernard Lacroix est né en 1933 à Evian. Il est mort le 18 mars 2015, à Cervens.

Bernard Lacroix est une figure du Bas Chablais et, en particulier, de Nernier. Il acquiert l'ancienne fruitière de Nernier vers 1965, tout en continuant son œuvre de collectionneur d'objets anciens, de " laboureur ", de peintre et de poète, dans son village natal de Fessy, où il crée un Musée remarquable des arts et traditions populaires. Aujourd’hui, ce Musée est géré par la commune de Fessy et attire de nombreux visiteurs. 

A Nernier, au fil des jours, il restaure cette vieille maison que fut la fruitière avec un goût sûr, lui conservant ainsi une authenticité et un charme inaltérables. Après le " Musée paysan " de Fessy, il ouvre là ce qui va devenir le " Musée du lac ". Il y exposera au fil des étés des peintres et des sculpteurs de grand talent, comme Jacques de Féline, ou André Poirson le sculpteur, tout en offrant ses cimaises aux artistes locaux, parmi lesquels, Alain Guichardot et Rémi Gay seront les têtes de file. Bien d'autres artistes viendront les rejoindre, comme les lyonnais Maurice Bonnet ou Simone Gambus. Parallèlement, se crée à Yvoire la Galerie Fert, qui exposera aussi ces artistes… 

Voiliers, Bernard Lacroix

BERNARD LACROIX

Photo Oeuvre abstraite, Jacques de Féline

BERNARD LACROIX

Photo Venise, Maurice Bonnet

BERNARD LACROIX

Bernard Lacroix, malgré tout, ne s'oublie pas. Il expose régulièrement Il expose régulièrement au Musée ses propres œuvres, peintures et sculptures, qui connaîtront un succès croissant. Côté sculptures, tous les outils anciens, ou ce qu'il en reste, par exemple les vieilles machines à coudre, les vieux outils, deviendront entre ses mains les représentants joyeux d'un petit peuple anthropomorphe déjanté. Ses peintures, quant à elles, révèleront une admiration pour Nicolas de Staël qui se fondra dans des paysages campagnards qui resteront les siens, intimes et mystérieux. De son Musée, il fera aussi un espace joyeux, très animé l’été avec de nombreux artistes et influencera le village au point que celui-ci, à l’époque, fut dénommé « le village des peintres » par la presse locale. 

Cependant, Bernard Lacroix était plus que tout cela. C'était un musicien hors pair, jouant les soirs d'été dans des piano-bars improvisés et, le dimanche, se transformant en organiste patenté, au service des sœurs du couvent de la Visitation, à Thonon.


L'ASSOCIATION DES AMIS DU MUSEE DU LAC - AML

L’AML – association des Amis du Musée du Lac - a été fondée en 1993 par Christiane Kern, en accord avec Bernard Lacroix. Installée avec le Musée dans l’ancienne fruitière. Christiane Kern, elle-même peintre, anime des cours de peinture, dans l’atelier au 1er étage du bâtiment. Le rez-de-chaussée, relié par une échelle de meunier, accueille le Musée. Les expositions artistiques se succèdent, les cours de peinture fonctionnement toute l’année et font de ce lieu un centre animé même l’hiver, même en temps de brouillard ! 

Christiane Kern décède en septembre 2015. Avec l’aide du maire de l’époque, Marie-Pierre Berthier, Colette Pacquelet, membre actif de l’école, et du Conseil Général, il est décidé de poursuivre l’association, envers et contre tout, en particulier la vente envisagée de la bâtisse. Finalement, un bail signé jusqu’en 2030 permet à l’école de poursuivre ses activités ! 

L’AML est forte aujourd’hui de 22 membres qui honorent la mémoire de leur fondatrice avec :
-    Des expositions de juin à septembre  
-    Des stages de pastel, une fois par trimestre, animés par « Rêve de Pastel » 
-    Un atelier de peinture, avec des cours de peinture à l’huile ou de pastel, ouvert les mercredi après-midi 14h-16h et le samedi matin 9h30 – 11h30. 

Christiane Kern fut également à l’origine de la création de la Brocante de Nernier, qui se perpétue chaque année, le dimanche de Pentecôte. 

Christiane Kern, dans son atelier école Voiliers 

CHRISTIANE KERN

A propos de la Fruitière

Suite au rattachement de la Savoie à la France en 1860, l'économie agricole savoyarde doit faire face à la nouvelle concurrence française. Les paysans sont alors incités à produire des fromages de qualité exportables, tel que l'Emmental ainsi que le faisaient déjà les Suisses et les Francs-Comptois. Or, cette production nécessite de requérir au savoir-faire d'un fromager et, de mobiliser une grande quantité de lait au même endroit au même moment (1500 litres pour réaliser une meule de 100 kg d’Emmental). Les producteurs de lait se sont donc regroupés et ont investi ensemble pour constituer des « fruitières ». Il s’agissait d’une bâtisse, une fromagerie dans laquelle était embauché un fromager-porcher chargé de la fabrication des fromages et de l’engraissement des cochons au petit lait, issu de la transformation.

La fruitière fut dans les villages, le lieu privilégié de la vie en société : soir et matin, à heure fixe, fournisseurs et acheteurs s’y retrouvaient, véritable lieu d’échanges et de rencontres.

Les réseaux de fruitières seront achevés vers 1900 et se maintiendront tels quels jusque dans les années 1950. Nernier aura la sienne jusqu’à sa vente dans la décennie 60, quand elle deviendra l'actuel Musée du Lac.
Il reste encore des « fruitières », héritière du passé, qui le rappellent, devenues  des devantures commerciales de vente de délicieux fromages. 

LES AMIS DU MUSEE DU LAC
Vue de la fruitière au 2ème plan à droite 


Deux artistes remarquables à Nernier 
ELLIS ZBINDEN, 1921-2019

Ellis Zbinden est un artiste peintre reconnu, qui a vécu quelques années à Nernier, produisant de superbes aquarelles, dont deux notamment, sont visibles à la mairie.  

Il nait le 22 décembre 1921 à Genève, où il décède en 2019. 

Ellis Zbinden Archives : « Je suis un atmosphérique avec les pieds sur terre »

A l’été 1928, le jeune Ellis s’intéresse à l’aquarelle après avoir reçu une boîte de peinture. Puis, fort de cette première expérience enfantine, il ne cessera jamais d’être un aquarelliste, même s’il utilisera parfois d’autres techniques durant sa carrière de peintre, notamment, l’huile.
A 15 ans, il découvre les aquarelles vénitiennes de Turner qui lui font l’effet d’une révélation. Hormis quelques cours du soir et son père qui lui apprend la peinture en lettre, c’est un vrai autodidacte qui a toujours revendiqué ne pas appartenir à un courant ou une école de peinture.
A 20 ans, en 1941, il expose pour la première fois. C’est un tel échec que deux jours avant la fin de l’exposition, il fracasse trois tableaux par dépit. Ironie du sort, il reçoit le lendemain la visite d’un critique d’art de la Tribune de Genève, Jean Marteau, qui signe un article élogieux. L’exposition, alors, attire de nombreux curieux mais également, des acheteurs, enfin.
Ellis Zbinden est également un grand voyageur. Durant toute sa vie, il parcourt le monde et ramène de ses expéditions des aquarelles qui lui permettent de financer son prochain périple. Il peut ainsi raconter aussi bien les sables du Sahara aux couleurs changeantes que la brutalité de l’Himalaya, dont le ciel devient presque noir par manque d’oxygène. Il adore New York, dont la verticalité lui évoque des cristaux de quartz et Louxor, dont le sable passe de l’ocre au violet à mesure que l’on s’approche de la Mer Rouge. De ces voyages, il ramène des objets hétéroclites, transformant son appartement genevois en véritable cabinet de curiosités. Fossile de moule préhistorique, mâchoire de baleine, coquillages, statuettes africaines, pilotis lacustres, trompette en fémur humain…, chacun évoque une histoire qu’Ellis Zbinden se plaît à conter à ses visiteurs, les faisant voyager par le récit de ses aventures.

En 1954, il décide de partir de Genève pour Istanbul en Vespa. Il fait face à un tremblement de terre, à des cartes imprécises et à des pannes mais, profite aussi de belles rencontres et de la liberté de camper dans les ruines d’Ephèse sans voir personne. Un récit qu’il consigne dans un journal qu’il retrouvera 60 ans plus tard et qui est aujourd’hui devenu un livre, « Ora-Kali », publié aux Editions Slatkine.


Longtemps, il néglige les prix et les concours. Il ne tente sa chance que dans les années 80 et encore, dans des pays où l’on ne connaît rien de lui. Il a ainsi remporté de nombreuses distinctions.
Parallèlement aux œuvres inspirées de ses nombreux voyages, Ellis Zbinden est très réputé pour ses aquarelles de la région lémanique. Des quais embrumés et des bateaux voguant sur le Léman mais aussi l’alambic d’une distillerie mobile à Nernier ravivent des paysages aujourd’hui disparus. 
De nombreux murs des maisons de Nernier accueillent les aquarelles de cet artiste, qui s’est installé quelques temps à Nernier, au siècle dernier.

Le talent d’Ellis Zbinden lui a permis de réunir une clientèle fidèle. Jusqu’aux derniers jours de l’artiste, décédé le 25 février 2019, des amateurs d’art venaient à son appartement pour y acheter un tableau et écouter les souvenirs du peintre.

LES AMIS DU MUSEE DU LAC

La commune de Nernier lui a rendu hommage en 2017 en organisant une cérémonie en son honneur à la Ferme d'Antioche.

- Arrivée du bateau à Nernier - Côte française du Léman 1958 Collection personnelle

ELLIS ZBINDEN

- Distillation de l'alcool à Nernier - France
1967 - Collection privée

ELLIS ZBINDEN


ANDRE POIRSON, 1920-2003

André Poirson fut un artiste qui a beaucoup fréquenté le Musée du Lac de Nernier, lui offrant une visibilité importante au sein du département, voire de la région. 
Né le 27 juin 1920 à Moriville, petit village des Vosges, il décède le 30 octobre 2003.
Garde forestier comme son père et son grand-père, dès son enfance, il taillait le bois et pétrissait la glaise verte pour fabriquer ses jouets. Puis, toute sa vie, André Poirson va peindre et dessiné en ne faisant ce qu’il avait envie de créer, sans se préoccuper de quelque mode que ce soit.
Il a connu tous les bois, par son métier qui l’a conduit, après les Vosges, en Provence puis à Morzine. Carrière faîte, il se retire à Saint-Jorioz, sur les bords du lac d’Annecy.
Sa réalisation la plus importante, d’une mystique inspirée, est la décoration de la Chapelle de la Rencontre à Amphion-les-Bains. Il compose un retable de son style, complété de nombreux panneaux décoratifs.

ANDRE POIRSON
L'intérieur de la Chapelle de Vongy

Il lui est donné carte blanche et, il peut ainsi donner libre court à son inspiration. Le retable qu'il crée, de même que les nombreux tableaux décoratifs qui l'accompagnent, illustrent son style, décrit ainsi : 

« Poirson, c’est un peu le sultan du baroque, sculpteur, l’œil riche, touche à tout incisif en perpétuelle liberté, gérant avec une frénésie radieuse son royaume de couleurs et de saints …
… Pour ce qui le concerne, il n’a jamais pris à témoin le panthéon du Louvre ; il y a tout de même dans sa démarche une authentique saveur aux inflexions sacrées, qui ressemble comme une sœur au vieil acquis roman …

… Poirson excelle dans la sculpture animalière, les scènes paysannes taillées dans l’olivier…
… Dans les sculptures sur pied d’un volume respectable qu’il concocte parfois, il nous fait penser à quelque émule du Facteur Cheval, à un douanier Rousseau du Bocage.
Ces polychromies superbes parlent à l’âme. Quoiqu’il en soit derrière les apparences et la candeur graphique il y a un terroir qui sommeille et un art qui se tient.»

                                                                                                                                                                  Léo Gandebœuf – Granges de Servette

L'artiste a laissé une immense gamme d'oeuvres peintes mais surtout, taillées et peintes dans le bois. Quelques-unes sont visibles au Musée du Lac de Nernier.

André Poirson, un artiste du bois

ANDRE POIRSON


ANDRE POIRSON
Sous-pente d'une poutre sculptée