LE PATRIMOINE VERNACULAIRE
Le patrimoine vernaculaire, souvent nommé "petit patrimoine", raconte l'histoire des hommes et des femmes qui ont vécu sur nos territoires.
Ces constructions présentent une grande diversité selon les régions et les cultures et renseignent sur les modes de vie, les techniques de construction, les contraintes climatiques...
Les matériaux utilisés, extraits localement, en font des constructions en parfaite harmonie avec l’environnement
Fours à pains, fontaines, lavoirs, moulins, pigeonnier, oratoires… Ces petites constructions sont les ciments d’un territoire et le reflet de modes de vie passés.
LES FONTAINES
Les villages ont toujours recherché la présence de l'eau, indispensable aux besoins des populations, des agriculteurs, etc.
Certes, le lac Léman était proche mais, il n'était pas potable, seuls les animaux pouvaient s'y abreuver.
A Nernier, longtemps, les habitants ont dû se contenter de boire l’eau des sources, arrivant par une rigole du lieu-dit, l'Uche du Crot.
La première fontaine, située vers l'église, remonte à 1850 ; 1023 mètres de tuyaux amènent l’eau à la fontaine depuis le captage à la source.
Par la suite, Nernier tirera l'eau nécessaire au village à la source de "Marscille" et, d'autres fontaines seront construites, à travers le village.
Aujourd’hui, l’eau potable de Nernier est une compétence de Thonon Agglomération, qui assure sa distribution sur les 25 communes composant l’intercommunalité. La source locale n’est plus utilisé que pour alimenter les fontaines, alors même qu’elle continue de couler jusqu’au port.

ET LES LAVOIRS
Longtemps, les lessives étaient réalisées au bord du lac, avec l’eau du Léman.

Au XIXème siècle, un besoin d’hygiène croissant se développe, qui favorise la construction des premiers lavoirs.
Le lavoir se caractérise par un bassin autour duquel des pierres à laver ont été disposées ou maçonnées, avec parfois, un auvent qui protégeait les lavandières. Ses dimensions sont fonction du nombre de familles vivant dans le village pour lequel il a été construit.
Cet essor, assez tardif, s’explique aussi par la conjonction de plusieurs phénomènes.
- Le premier est l’autonomie budgétaire acquise par les communes suite à la Révolution de 1789. Ainsi, les maires ont les moyens de financer des édifices publics, tels que mairies, écoles,.. et lavoirs. Mais au-delà de l’intérêt public que présentent ces édifices, ils permettaient aussi de montrer la richesse et la modernité de la commune. Ils servent donc de faire valoir !
- Le deuxième phénomène ayant entraîné la construction des lavoirs est la prise de conscience du besoin de salubrité publique. Contrairement au Moyen-Âge, la population sait que les maladies ne sont pas des punitions divines mais, qu’elles peuvent être véhiculées par la saleté. De ce fait, la salubrité publique devient un enjeu important, notamment, concernant l’utilisation de l’eau. En effet, auparavant, on allait au même point d’eau pour faire boire les animaux, laver son linge, prélever l’eau pour la boisson des familles.
Or, l’eau était souillée par les savons et devenait un véritable vecteur de maladies à la fontaine, à l’abreuvoir, etc.
Pour cette raison, il a été décidé de séparer les différents fonctions de l'eau, avec la création d'abreuvoirs, de fontaines, de lavoirs.

Le lavoir de Nernier
Le lavoir était un lieu éminemment social dans chaque village. Exclusivement réservé aux femmes qui s’y retrouvaient au moins une fois par semaine, il était une extension de l'espace domestique, où l’on échangeait les dernières nouvelles des familles.
De plus, deux fois par an et pendant plusieurs jours, avait lieu la grande lessive, "la grande bouille", qui se composait ainsi :
1er jour : le purgatoire
• préparation du 'lissu" ou "lissieu", lessive à partir de cendres de bois. Ces cendres étaient enfermées dans des sacs de toiles, disposés au fond du cuvier. On y mettait le linge savonné et on versait de l'eau bouillante dessus.
2ème jour : l'enfer
• le linge recevait en permanence de l'eau bouillante filtrant la saleté à travers les épaisseurs de tissu. Lorsque l'eau rejetée par la bonde était claire, le linge était propre.
3ème jour : le paradis
• le linge était battu, rincé au lac et étendu.
L’utilisation des lavoirs a été progressivement abandonnée au XXe siècle, pour laisser place au lave-linge, bien plus pratique à partir de 1960.
DES INDUSTRIES DIVERSES
Les seigneurs locaux possédaient, jalousement, des fabriques particulières : tuilières, moulins, scierie... Ainsi, un moulin se trouvait sur le ruisseau du Mercube aux limites de la commune de Nernier avec Yvoire Quelques pierres formant un mur nous rappellent son emplacement, de même que le nom de la petite route entre Nernier et Yvoire, le Chemin du Moulin.
