ALPHONSE LAMARTINE ET LES ROMANTIQUES
1750 -1850
À Nernier, un exilé volontaire

Entre 1750 et 1850, c'est la grande période de découverte des paysages lacustres. Cet âge d'or voit défiler sur les rives du Léman, comme sur celles d'autres lacs en Savoie, des personnages marquant du siècle des Lumières, (Rousseau 1718-1778) et du Romantisme (Lamartine 1780-1863)
C'est d'ailleurs, le Léman, inspiré dans le roman "La nouvelle Eloîse", écrit en 1761 par Jean-Jacques Rousseau, annonça le goût romantique pour les paysages lacustres. En effet, le héros, St Preux, a trouvé l'inspiration au dessus du village de Meillerie !
Alphonse de Lamartine, alors âgé de 25 ans, s'est rallié en 1814 à la monarchie française.
Fuyant Napoléon et les conscriptions obligatoires, il s'installe en Suisse au château de Vincy, près de Rolles, et y demeure quelques temps.
En 1815, au moment des 100 jours, en état de désertion, il passe la frontière et vient se réfugier en Savoie, à Nernier.
Il prend alors pension chez un batelier nommé Favre, dont la maison se trouve à l'intérieur du village, face à la tannerie. Ce dernier lui propose le gîte et le couvert dans le moulin du Mercube situé à 15 mn du village, en direction d’Yvoire.
Geneviève, la fille du bâtelier, âgée de 23 ans et, paraît-il fort jolie, se charge d'entretenir la modeste pièce dans laquelle Lamartine demeure et lui apportae chaque jour ses repas. Entre eux s'instaure une amitié, peut-être une idylle ? Lamartine se lie également d'amitié avec Jean-Marie Dubouloz, âgé de 20 ans.
Geneviève et Jean Marie accompagnent régulièrement le poête dans ses rêveries sur les rives chablaisienne.
",,,Je m'embarquai à la fin de juin, par un de ces jours d'orage qui rendent le Léman plus impétueux que l'Archipel,"… écrira Lamartine, cinquante ans plus tard dans ses "Mémoires inédites". Il y aborde son séjour néronien, ayant duré plus d'un mois.
Dans le livre « Souvenir de jeunesse », Lamartine parle de son installation à Nernier.
O Léman où flotte jadis mon premier rêve
Roule encore quelquefois mon nom mort sur ta grève
Comme un débris du cœur sur l’océan des jours
Que l’onde apporte au bord et remporte toujours…
Alphonse de Lamartine fut sans aucun doute un exilé volontaire à Nernier. D’autres hommes et femmes illustres ont visité la commune au fil du XIXe siècle.
Des visiteurs illustres
La commune s'efforce de garder son cachet typiquement chablaisien et développe une activité culturelle, notamment à travers Le Sentier Romantique. Celui-ci serpente au gré des rues, reliant l'entrée du village au port et au château ; il est jalonné de fresques et de poèmes inclus dans les pierres, suspendues aux murs anciens ou posées à même le sol, ains que des extraits gravés dans le sol de la digue principale du port. Tous ces écrits mettent en avant des personnages illustres qui ont marqué les rivages du Léman.
Ainsi le lac verra le passage de Senancour 1770-1846, Chateaubriand 1768-1848,
Lord Byron 1788-1824 (Le prisonnier de Chillon) qui, en visite en Suisse, décide de faire le tour du lac. Après avoir dormi à Hermance, il vient loger à Nernier dans la maison du capitaine Clerc... Il se lie d'amitié avec le poête Shelley et séjourne quelques temps en sa compagnie, à la villa Diodati à Cologny
Mary Wollstonecraft Godwin, future Mary Shelley, lors de son séjour à Genève en 1816, écrit son premier roman (Frankenstein) et visite Nernier.
Madame de Staêl, 1766-1817 romancière. Chassée de France par Napoléon Bonaparte qui la considère comme une redoutable intriguante, elle s'installe dans le chateau familial de Coppet.
Anna de Noailles 1876-1933 la poêtesse du Léman. Elle accueille dans son "Paradis d'Amphion" toute l'élite intellectuelle et mondaine de Paris et Genève : Proust, Barrès...
Victor Hugo 1802-1885 en exil et bien d'autres ...Alfred de Bougy, Ramuz, Guy de Pourtalès....
Bibliographie
Histoire des communes savoyardes Henri Baud et Jean Yves Mariotte
La vie au bord du Léman, Georges Baud
