Mairie de Nernier

ENRICO VEGETTI
1863 - 1951

Enrico Vegetti appartient à une génération d’artistes, entre romantisme et divisionnisme (mouvement pictural de la fin du 19e siècle, qui se rapproche du pointillisme) fortement marquée par la révolution impressionniste, tant en peinture qu’en gravure.

Il a bénéficié d’une solide formation artistique dans la célèbre Académie de Brera à Milan, qu’il intègre en 1880, à 17 ans. Il s’impose comme un brillant coloriste, travaillant la peinture dans sa matière mais également, comme un excellent graveur tant sur bois qu’à l’eau forte. Les plus grandes institutions achèteront ses gravures : la galerie nationale d’art moderne de Rome, la galerie des Offices de Florence ou la galerie d’art moderne de Milan.

En 1898, il remporte son premier concours. Dès lors, sa notoriété sera croissante en Italie.

Malgré un succès naissant en Italie, il décide de s’installer en 1900 à Nernier, village natal de sa mère, où il crée son atelier.

Jusqu’au début des années 1930, il voyage beaucoup et expose essentiellement dans son pays d’origine. Mais, il va bientôt recentrer son activité à Nernier, village éloigné des centres urbains, qui convient à cet esprit solitaire. Il ne voyage plus guère mais, il aime à recevoir avec gentillesse et courtoisie les visiteurs attirés par son talent. Ceux-ci repartent souvent avec un petit dessin, une esquisse, voire un tableau de scène à l’huile.

 Enrico Vegetti, « ce peintre oublié de la gloire », selon le titre d’une exposition à Nernier et Yvoire, en 2000, décède en 1951 dans un certain dénuement et, repose au cimetière du village. Il laisse à Nernier l’image d’un homme paisible qui, jusqu’à sa mort, dédaignera l’électricité, lui préférant sa lampe à pétrole. Son œuvre est immense et on en verra enfin la totalité après sa mort, lorsque la Société des Amis des Arts et des Lettres d’Annemasse organisera, en 1952, une grande rétrospective à sa mémoire.

En savoir plus :

Nous nous proposons de vous faire découvrir l’homme, ses sujet favoris, ses inspirations et ses innovations à travers quatre grandes thématiques : les autoportraits, les sujets religieux, les paysages et l’architecture ainsi que la gravure.


LES AUTOPORTRAITS

- Premier portrait - vers 1880 - Aquarelle, 21x16

VEGETTI

Le premier autoportrait d’Enrico Vegetti montre un jeune homme séduisant. Son regard bleu intense trahit cependant une certaine distanciation, un caractère solitaire qu’il affirmera tout au long de sa vie. Il écrit ainsi en 1908, à sa mère « la solitude n’est pas pour me peser, loin de là »

Le peintre met également en scène sa propre évolution physique, jusqu’aux marques de la vieillesse, qui semble tant l’accabler. Autoportrait dans l’atelier (mairie de Nernier).

VEGETTI

- Autoportrait au pinceau vers 1910 - graphite sur papier, 98x27.5

VEGETTI

- Autoportrait - Pastel, 28x22

VEGETTI


LES SUJETS RELIGIEUX 

De 1907 à 1908, Enrico Vegetti reçoit sa première grande commande : la réalisation à fresque des 14 stations du chemin de croix sur l’esplanade de l’église San Bernardino dans le hameau de San Pietro (Induno Olona, près de Varèse – Lombardie). Il a conservé dans son atelier les études grand format, passées en collection particulière après sa mort. Des aquarelles, dessins au graphite ou à la plume complètent ce travail préparatoire.

- La première chute 1907 - 1908, Aquarelle et plume

<VEGETTI

- Jésus est condamné à mort 
Carton préparatoire pour le chemin de Croix d'Induno Olona 
Crayon, fusain et aquarelle

VEGETTI

Toute sa vie, Vegetti traite le thème de la Passion et, plus particulièrement, celui de la Crucifixion. « Pour l’instant je travaille à un huitième crucifix et je vous assure que c’est un sujet inépuisable pour la peinture comme pour la méditation. Cela pourrait être une excellente transition entre la vie de ce monde et l’éternelle ».  Lettre aux Mottier, le 4 novembre 1949.

A la suite d’un voyage à pied en Terre Sainte, il devient un fervent pratiquant. Il se rend quotidiennement à la messe de Nernier, ainsi qu’à la messe dominicale en l’église italienne de Genève.

- Christ à la colonne - Première moitié du XX ème siècle - Huile sur toile (Chapelle Notre-Dame-du-Lac, Nernier)

VEGETTI

- Descente de Croix - Huile sur bois, 36x50 (Église de Nernier)

VEGETTI

En peinture, au graphite, à la plume, en gravure sur bois ou sur métal, il explore ce motif, représentant le Christ chétif ou, au contraire, puissant, souffrant, renonçant ou suppliant. Il n’hésite pas à projeter des éléments de sa vie dans ces scènes. Ainsi, il se prend comme modèle pour la figure du Christ, coiffant une couronne d’épines qu’il possède dans son atelier. Dans le Christ à la colonne,  Enrico Vegetti prête ses traits à Jésus mais aussi, au mendiant et, représente également son chien dénommé Top. La scène prend place devant sa maison de Nernier, dont la glycine est aisément identifiable.


PAYSAGES ET ARCHITECTURE

Bien que Vegetti soit inscrit en 1880 dans la prestigieuse Académie de Brera à Milan, ses parent le poussent à trouver un emploi stable dans une compagnie de chemin de fer. Après 18 ans de service, il part s’installer à Nernier. Jeune retraité des chemins de fer, il bénéficie de la gratuité sur les réseaux ferrés en Europe, qu’il parcourt avidement, ainsi que l’Afrique du Nord et la Palestine. Il rapporte alors de nombreuses études à l’aquarelle, dessinées ou gravées, qui lui serviront de modèles par la suite.

- La rentrée du troupeau - Huile sur toile, 124x197

VEGETTI

- Les maisons dans l'eau - Huile sur toile, 68x88

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- La maison de l'artiste - 3 - Huile sur toile, 51x75

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- Maisons au bord du lac - Huile sur bois, 33x68

VEGETTI


LES GRAVURES

Enrico Vegetti a réalisé plus de 1500 estampes. Il utilise essentiellement la technique de la gravure sur bois et de l’eau-forte **:

- Nernier - Eau forte, 25x42

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- La chapelle de Nernier 2 - Eau forte, 9x23

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- Les maisons dans l'eau, Nernier - Eau forte, 18x30

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- Autoportrait, Le Bailleur - Eau forte, 27x22

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Comme de nombreux artistes, Vegetti a utilisé la gravure comme moyen de promotion. La gravure d’interprétation, dès la Renaissance et jusqu’à l’avènement de la photographie, est l’unique mode de diffusion des œuvres d’art. C’est aussi le moyen d’acquérir des œuvres à moindre coût. Vegetti écrit à ses cousines Mottier, à Argentière : « il me faudrait tirer un tas d’épreuves de gravures que j’ai épuisées cet été (...) On me demande encore des sujets de Nernier et du lac, si bien que je n’arrive pas à satisfaire les clients qui voudraient tous acheter la même toile ».

**Les eaux fortes : les dessins sont gravés à l'envers (pour avoir le dessin à l'endroit en représentation finale) sur des plaques de zinc ou de cuivre avec un burin. On utilise ensuite "l'eau forte" qui est tout simplement de l'acide qui renforce les gravures sur les plaques. On rajoute de l'encre, quelquefois de la peinture et l'on tire les dessins en plusieurs exemplaires.

Bibliographie :

  • Musée du Chablais - Livret de l’exposition ENRICO VEGETTI 1863 – 1651 - Peintures et gravures de Milan à Nernier - avril 2011
  • Enrico Vegetti Peintre et graveur 1863 – 1951 - Conservatoire d’Art et d’Histoire – Annecy
  • Hommage à un oublié de la gloire, Enrico Vegetti – Exposition Nernier-Yvoire - 2000
  • Exposition des œuvres données et/ou acquises par la mairie – 1er étage (heures d’ouverture du lundi au vendredi inclus).